• ÉCONOMIE

  • La Chine tousse

    Un homme portant un masque de protection s'apprête à traverser une avenue déserte de Pékin, le 31 janvier 2020, en Chine. (AFP / NICOLAS ASFOURI)

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    Les effets économiques de la pandémie se font sentir sur l’ensemble du continent asiatique où les annulations de séjours touristiques provoquent de multiples trous d’air. 

     

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    « Restez en vacances ! » C’est, en substance, le message adressé par Pékin aux millions de Chinois qui devaient reprendre le travail la trêve du Nouvel An. 

    Dans de nombreuses villes, les rues sont toujours désertes et certains commerces n’ont pas relevé leurs stores. Le géant local de la restauration Haidilao, spécialisé dans la fondue chinoise, a fermé la totalité de ses 550 restaurants, tout comme Ikea (30 magasins). Les cinémas sont vides et les dates de sorties de plieurs blockbusters locaux ont été repoussées. Tout le pays vit au ralenti depuis plus de quatre semaines ; ce qui fait craindre un recul important dans le secteur des services. 

     

    Goldman Sachs a revu ses prévisions de croissance du PIB chinois pour le premier semestre 2020, l’abaissant de 5,6% à 4%. Les marchés financiers ont récemment rouvert en forte baisse après plusieurs dizaines de jours de repos, tandis que la Bourse de Shanghai a plongé de 8% ; un record depuis un an. Déjà très peu de temps avant, la banque centrale de Chine avait annoncé l’injection de 156 milliards d’euros pour soutenir une économie poussive, qui a vu le PIB progresser péniblement de 6,1%, le rythme le plus faible observé depuis près de trente ans. En 2003, l’épidémie de syndrome respiratoire sévère, le Sras, avait coûté 1% de PIB à l’économie chinoise, dont la croissance atteignait alors deux chiffres. Certains économistes estiment que ce nouveau virus pourrait avoir des conséquences plus graves pour la deuxième puissance économique mondiale. De son côté, Standard & Poor’s avertit qu’une baisse de 10% des dépenses des ménages pourrait faire chuter le PIB de 1,2 point. 

     

    Les effets du coronavirus ont commencé à se faire sentir dans d’autres pays d’Asie. Les autorités thaïlandaises craignent un effondrement du tourisme, qui constitue 21,6% de la richesse nationale. En 2019, les Chinois avaient dépensé 16 milliards d’euros au pays du Sourire. D’ores et déjà, le Tourism Authority of Thailand estime que 80% d’entre eux ont annulé leur voyage entre janvier et avril 2020 : « 60% des touristes chinois, qui constituent la majorité de nos clients, ont annulé leurs réservations pour le mois de février », témoigne M. JO, responsable de la réception à l’Hotel Royal Bangkok. De Chang Maï à Phuket, 700 guides sinophones se retrouvent au chômage. Selon le président de l’université de la Chambre de commerce thaïlandaise, Thanavath PHONVICHIA, ce manque à gagner pourrait atteindre 3,8 milliards d’euros. Seul effet bénéfique du virus, la baisse du baht. En 2019, la monnaie thaïlandaise s’était installée comme l’une des plus fortes devises d’Asie (+ 8% par rapport au dollar). L’actuel décrochage (- 4%) devrait contribuer à la relance des exportations. 

     

    Au Japon aussi, l’impact sur le tourisme s’est fait sentir. En 2019, les Chinois représentaient un tiers des visiteurs. L’inquiétude est forte à quelques mois des Jeux olympiques. Tokyo ambitionne en effet d’accueillir 40 millions d’étrangers cette année. La crise pourrait coûter 0,45 point de PIB « si l’impact de l’épidémie sur le tourisme dur⎨ait⎬toute l’année, selon Takahide KIUCHI, économiste à l’institut de recherche Nomura. 

     

    Même morosité en Corée du Sud. La plus grande agence de voyages du pays, HanaTour, a vu son activité vers la Chine chuter presque de moitié en février 2020 en raison du virus et des manifestations à Hongkong. Les compagnies à bas coûts, comme Air Seoul, ont suspendu leurs vols vers la Chine, tandis que certains groupes industriels, tels LG et Hanwha, ont interdit à leurs employés de s’y rendre. 

     

    Finalement, un seul pays n’a pris aucune mesure de précaution vis-à-vis de cette pandémie naissante : le Cambodge. Le Premier ministre, Hun SEN, a, en effet, refusé de fermer les liaisons aériennes pour la Chine et de rapatrier ses ressortissants. Désir de plaire au président chinois, Xi Jinping ? Le dirigeant cambodgien, décidément très zélé, est même allé jusqu’à contraindre des journalistes à retirer leur masque lors d’une conférence de presse ! 

     

    Sources : Charles HAQUET, avec Eléonore SOL-HALKOVITCH (Cambodge), Zhifan LIU (Chine), Philippe MESMER (Japon) et Thierry FALISE (Thaïlande).

     

     

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